Oyez... Tout droit venu du Canada, ce jeune pianiste de jazz joyeusement latino
donnait son premier concert parisien le 18 septembre : un doigté frais à suivre.
Ignorer les frontières est une seconde nature pour Arden Arapyan. Né au Québec, de parents nés en Turquie, il baigne depuis toujours dans une culture arménienne, mais aussi internationale musicalement, et se sent tout autant Cubain quand il fait vibrer un piano aux sons salsa.
Ce pianiste-compositeur qui a choisi le jazz sur le tard pour toucher à tous les genres musicaux, a sans trop savoir pourquoi une nette prédilection pour la musique cubaine, qu’il mêle sans complexe à ses compositions (échantillons sur myspace ici).
Arden Arapyan sur la scène de l'UGAB à Paris
Sans doute l’énergie swinguée de ces airs correspond bien à son tempérament rieur, révélé lors de son premier concert à Paris, accompagné du batteur Didier Guazzo, du contrebassiste Tony Bonfils, et du saxophoniste Christophe Nègre (musiciens habituels de Charles Aznavour).
Arden Arapyan, Tony Bonfils, Didier Guazzo et Christophe Nègre,
sur la scène de l'UGAB Paris
Résultat : il compose des morceaux de jazz latino qui donnent envie de savoir danser la salsa (El Rey Leõn, Dos Pasos), ou revisite avec énergie les morceaux arméniens où il sent un potentiel jazzy selon lui indéniable, que ce soit une suite romantique de Mascarade entendue chez Aram Khatchaturian (avec Romance), ou une chanson de Noël traditionnelle (Donadzar).
Sans chercher d’obscure explication conceptuelle, il improvise et joue simplement comme il est : heureux d’être là, comme l'atteste l'une de ses compositions tout bonnement intitulée Ain’t got no blues.
En pur produit du métissage culturel typique de diaspora, Arden Arapyan a ceci de particulier que chez lui aucune influence ne semble étouffer l’autre. Cela lui a probablement valu la préférence de plus d’un jury de concours séduits par l’originalité de ses compositions jazz teintées d’inspirations arméniennes et latinos : dès 25 ans il décroche le premier prix du concours Propulsion Jazz de la station de radio montréalaise Planète Jazz en 2007, puis le Grand Prix Jazz GM au Festival International de Jazz de Montréal en 2008.
Arden avec les musiciens de Paris
Parfaitement arménophone, ce Québécois a l’habitude de faire ses bœufs musicaux en parlant indifféremment arménien, français ou anglais, selon les nombreux groupes où il joue : orchestres de salsa, de jazz, de chanteurs arméniens (Paul Baghdadlian, Adiss Harmandian et plus récemment Marten Yorgantz), ou encore avec sa propre formation.
Celle-ci est d’ailleurs un bon résumé des tendances musicales multiples qui l’inspirent, puisque le darbouka oriental de Charbel Akiki et autre congas du percussioniste Kiko Osõrio y tutoient le saxophone de son accolyte cubain Giovany Arteaga, tout comme le duduk de Vagharshak Adamian, en toute simplicité.
Lancé en mars 2011 à Montréal, avec cette formation riche en couleurs, Vahak est son premier album.
Ce titre intriguant est le prénom de son père, l’un des piliers de sa vie auquel il rend ainsi hommage, tout en enchaînant originalement les pas pour tracer sa voie.
Photos Juan-Jose Delhom Fuertes
(18 septembre 2011 concert à l'UGAB-Paris)
Au concert de lancement à Montréal, avec sa propre formation