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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 19:06

Yeghishe Charents Martiros Saryan 1976

On dit que c’est la résistance à l’épreuve du temps qui confirme les chef d’œuvre. Les années, les décennies et les siècles passants, certaines œuvres seront vite oubliées, tandis que d’autres seront encore et toujours savourées longtemps après la mort de leurs auteurs.

 

 

Portrait de Tcharents, par le peintre Mardiros Saryan (1976)    

 

Yéghishé Tcharents (1897-1937) est de ceux-là. Au-delà de son statut d’auteur culte de la littérature arménienne, l’évolution de ses idées passionnées durant sa courte vie de poète glorifié puis déchu de l’Arménie soviétique, est singulière.

 

Originaire d’Arménie orientale (1) Tcharents s’est très rapidement, et très jeune, enflammé pour la cause révolutionnaire et communiste. A vingt ans, il est déjà publié (Légende Dantesque, ou Les Foules en délire), engagé volontaire dans l’Armée Rouge, en même temps que l’un des principaux chantres de l’Internationale communiste.


Encore inconnu dans la toute jeune République indépendante d’Arménie, il est découvert et encouragé en 1919 par son ministre de l’Education et des Lumières, Nigol Arpalian, qui voit en lui un pionnier de la littérature arménienne moderne.

Cette République indépendante ne fît pas long feu et fût soviétisée dès 1921 mais Tcharents s’y installera définitivement en 1923 pour y écrire une œuvre prolifique. Tout au long de la décennie suivante, il s’éloignera toutefois progressivement de l’enthousiasme politique de ses débuts, pour se focaliser sur ce qui fonde l'identité de sa nation.


Y. TcharentsEn 1933 son Livre de voyage marque le recul de ses convictions communistes, et appelle de manière secrète, à l’union des forces arméniennes. Ce qui pour un poète brillant notoirement par l'élan de ses passions, dans une République soviétique, est une pente particulièrement dangereuse.

Comme de nombreuses personnalités de l’époque il finira emporté par les purges staliniennes, et décède en prison à 40 ans.

 

Or si Tcharents est aujourd’hui adulé en Arménie comme en diaspora, ce n'est pas pour ces premières convictions communistes (en général oubliées d'ailleurs), mais bien en tant qu'ardent amoureux des splendeurs de son pays.

 

Ses vers les plus célèbres sont ceux qui expriment sa vénération de l'Arménie, et notamment l'un de ses plus importants symboles : le Mont Ararat, ou Massis de son nom arménien (2).

Il est ainsi tout naturellement l’une des figures que l’on croise quotidiennement en Arménie sur les billets de banque ou les timbres poste.

 

Timbre Tcharents 1997Tcharents sur billet

 

Les vers dont ConnexionsS vous propose la traduction ci-dessous datent de sa première période : publiés en 1918, ils s’inspirent de la toute récente invention de la radio, que Tcharents associe à ses visions internationalistes.

Le futur selon Tcharents, y vibre de la ferveur qui l'a toujours animé. Une ferveur irrésistible, porteuse d’espoirs pour de beaux lendemains qu’il faut s’atteler à conquérir, mais qui porte aussi en elle, comme un repère sacré, les éternelles origines.


Massis est là, blanc sommet qui domine toujours (le Mont Ararat), et Nayiri, qui est une des plus anciennes régions d'Arménie, évoque bien sûr la terre à laquelle Tcharents reste toujours profondément attaché.

 

 


 

ԴԷՊԻ ԱՊԱԳԱՆ

 

Vers le futur

(Traduction JH janvier 2013)

Լցուած է անհուն իմ հոգին հիմա


Շփոթ երգերով ու աղմուկներով.


Լցուած է սիրտը իմ՝ ելեկտրական


Բորբ հոսանքներով:          

Désormais mon âme immense est emplie

De chants confus et de tapages,

Mon cœur est rempli d’électriques 

Petits courants. 

 

Ռադիոկայան է իմ հոգին հիմա


Ամբո՜ղջ աշխարհի ու մարդկանց հանդէպ,


Ու բա՛րձր է, բա՛րձր է կայանն իմ հոգու՝


Մասիսի նման բարձր է ու հաստատ -

Հզօ՜ր, ահարկո՜ւ:      

 

Mon âme est désormais une station-radio

Envers le monde entier et l’humanité,

Et elle est haute, haute est la station de mon âme,

Haute pareille au Massis et ferme –

Puissante, effrayante ! 

Օրերում այս վառ, հողմավար, շփոթ -

Հեռու ու մօտիկ միլիոն սրտերի


Ե՛րգն է վիճակուել ինձ երգել այսօր.


Իմ բազմամիլիոն, բիւր ընկերների


Խինդը այսօրուայ ու թռիչքը մեծ-

Գալիք օրերին նետե՜լն է երգիս


Վիճակուել այսօր:

En ces jours ardents, emportés par les vents, confus-

C’est la chanson de millions de cœurs lointains et proches,

Qu’il m’incombe de chanter aujourd’hui ;

La liesse de ce jour et le grand envol

de mes multi-millions, innombrables compagnons 

échoient aujourd’hui

à mon chant pour être lancés aux jours à venir.

Ահա՜ թէ ինչո՜ւ է երգս հաղթական,


Ահա թէ ինչու է իմ ձայնն այսօր


Յաւերժի նման յամա՛ռ ու հաստա՜տ:

Voilà donc pourquoi mon chant est victorieux,

Voilà donc pourquoi ma voix aujourd’hui

Est pareille à l’éternité, tenace et ferme. 

 

Ահա թէ ինչու


Վիթխարահսկայ, որպէս էյֆելյան


Աշտարակը մեծ,


Անցած ու գալիք դարերի շեմքին


Հզօր, բարձրաբերձ՝


Կանգնել եմ ամբողջ հասակովս մէկ


Եւ երգում եմ ես:


Եւ հոգիս հիմա՝ ռադիոկայան՝


Իր հրակարմիր երգն է ուղարկում


Հեռո՛ւ ու հեռո՛ւ, -

Բոլո՜ր սրտերին, որ ապրում են, կան


Բոլո՜ր կողմերում:

Voilà donc pourquoi

Gigantesque géant, ainsi que la grande

Tour Eiffel,

Au seuil des siècles passés et à venir

Puissant, prolifique !

Je me tiens debout de toute ma hauteur

Et je chante.

Et mon âme désormais une station radio, 

Envoie son chant rouge de feux

Au loin et au loin !

A tous les cœurs, qui vivent, 

De tous les côtés.

   

Երգում է հոգիս, հրեղէն հնչում:


Գիտեմ՝ այսօրուայ իմ երգի առաջ-

Իմ հոգու կարմիր կայծերի հանդէպ-

Ռադիոկայան է ամէն մի հոգի,


Ո՜ւր էլ նա լինի.-

Ամէ՜ն մի հոգի, որ ապրում է, կա


Եւ կրում է իր թևերի վրայ


Նո՜յն խորհուրդը մեծ, խորհուրդը հսկա
յ

Օրերի այս վառ, -

Այս վառ օրերի խորհուրդը պայծառ:


Ամէ՜ն մի հոգի,


Որ իր երկաթէ թևերով այսօր


Զնգում է, շաչում -

Եւ փնտռում է նո՛ր հանգիստ ու օրոր


Միլիո՜ն թևերի ըմբոստ շառաչում...

Mon cœur chante, une résonnance de feu.

Je le sais, devant mon chant de ce jour –

Vis-à-vis des éclairs rouges de mon âme –

Chaque âme est une station-radio,

Où qu’elle se trouve, -

Pour chacune de ces âmes, qui vit, il y a

Et elle porte sur ses ailes

La même grande idée, l'immense idée

Ardente de ces jours, -

L’étincelante idée de ces jours ardents.

Chaque âme,

Qui aujourd’hui avec ses ailes de fer

Tinte, crépite – 

Et cherche le nouveau calme et berçant

Mugissement révolté de millions d'ailes…

 

 

Գիտէ՞ք, որ հիմա


Այստեղ — Նայիրի իմ երկրում աւեր


Ու հեռու-հեռուն -

Կարմիր Մոսկովում,
 Տիբէթում դեղին,


Սան-Ֆրանցիսկոյում, Լոնդոնում հսկայ


Ու Սինգափուրո՜ւմ -

Բոլո՜ր վայրերում, բոլո՜ր կողմերում


Աշխարհը մի նո՛ր երգով է յղի:

Savez-vous, que maintenant,

Ici – dans mon pays en ruine de Nayiri

Et au loin du loin –

Dans la rouge Moscou, au jaune Tibet,

A San Francisco, l'immense Londres

Et à Singapour –

En tous lieux, de tous côtés

Le monde porte un nouveau chant ?

 

 

Հէ՛յ, հեռու-մօտիկ


Հանքահորերում,
 գործարաններում,


Լայն ստեպներում ու անտառներում -

Բոլո՜ր վայրերում, բոլո՜ր կողմերում,


Երկաթի՜, բրոնզի՜, հողի՜ ու հանքի


Երգով օրօրուած իմ բի՜ւր եղբայրներ,


Ո՞վ ունի այսօր կամքը մեր հրէ,


Ուժը մեր բոսոր


Ու վառ բախտը մեր
 տիեզերական…

Hé ! loin-proche

Dans les mines, dans les usines,

Dans les vastes steppes et dans les forêts –

En tous lieux, de tous côtés,

De fer, de bronze, de terre et de mine

Mes innombrables frères bercés de chant,

Qui aujourd’hui a la volonté de notre feu,

La force de notre rouge sang

Et notre ardente fortune universelle ?

   
Ո՞վ ունի այսօր... Qui aujourd’hui a ?...
   

Մե՛նք ենք, որ նո՛ր ենք, հազա՛ր ենք ու բի՜ւր:


Երկաթէ հսկայ մի դիսկի նման


Բի՜ւր եղբայրների կամքը մեր արի,


Տիեզերական -

Նետե՜լ ենք արդէն թափով վիթխարի


Դէպի հողմերը գալիք օրերի,


Դէպի — Ապագան... 

C’est nous, qui sommes neufs, des milliers et innombrables !

Pareille à un énorme disque de fer 

La vaillante volonté de nos innombrables frères,

Universelle –

Nous nous sommes déjà lancés avec un gigantesque élan

Vers les jours venteux à venir,

Vers – Le Futur…  

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Il est né à Makou, ville du nord de l’Iran actuel, mais sa famille s’est très rapidement déplacée vers le Caucase, à Kars, ancienne capitale arménienne située à l’extrême nord-est de la Turquie actuelle.


(2) Les vers de Tcharents sur l'Ararat sont si célèbres qu'en Arménie, une arche en hommage au poète a été édifiée sur l'un des plus beaux site où l'on peut admirer le majestueux Massis dominant la plaine (sur la route qui va de Erevan au temple héllénistique de Garni).

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 15:25

Aussi sûr que le sage qui a prononcé ces mots est mort : la nuit porte en elle le matin.


Bizarrement, ce n’est pas ce qui réconforte le doctorant en lettres modernes, aux prises avec cette citation dont il n’arrive décidément pas à retrouver l’auteur. Elle convient pourtant si bien à ce chapitre final qui doit magnifier la conclusion de ses quatre longues années de thèse. Longues les années à s’user le derrière, sur des sièges inconfortables de bibliothèques tristes de ne voir que mers de têtes penchées sur la poussière de volumes fatigués. Tristes les soirées sacrifiées à la correction de copies d’étudiants inscrits en Faculté de Lettres uniquement, semblait-il, pour mieux buller en charmant les étudiantes peuplant la faune ambiante. Sinistres les têtes à têtes avec son directeur de thèse, pour qui rien ne semblait jamais plus naturel que lui faire réécrire des pans entiers de sa thèse, pour mieux rendre perceptible l’influence qu’il avait sur le travail de son doctorant, désespéré lui d’avoir vu en ce maître une sommité utile à son objectif.


Las, le directeur de thèse était choisi, et il n’aurait pas été de bon ton d’en changer quand l’envie s’en était sérieusement faite sentir après un an. Las, la voie du doctorat nécessitait ce travail de sape traditionnel du directeur de thèse sur sa victime aspirante au docte titre. Las enfin, il ne retrouvait pas le mystérieux auteur de cette maxime si pleine d’espoir, riche de possibilités, et lumineuse avec des mots si simples.


La nuit porte en elle le matin.


Le voilà le véritable miracle qui l’avait conduit à choisir cette carrière d’esclave des professeurs sadiques : sept mots et l’on pouvait ouvrir mille univers pour le lecteur, les lecteurs.


Pas le miracle de ces sept mots-là en particulier, ils ne sont en fait qu’un exemple parmi bien d’autres de l’art de composer phrases en ordre choisi pour transporter qui les lit, vers d’autres cieux. Peu important de quels cieux il s’agissait, ils sont justes autres. Vacances merveilleuses de la vie, si facilement volées au détour de quelques pages lues dans un métro qu’on préfère ne pas regarder, sur le fauteuil confortable d'un dimanche de repos, ou pelotonné au fond d’un lit avant de s’abandonner au sommeil grâce à cette coupure d’avec la vie réelle.


On lit pour sortir de sa vie le temps de quelques pages, mais le paradoxe est qu’on retrouve toujours la vie dans ces pages. C’est simplement une vie autre, portant en elle le pouvoir de sublimer la sienne propre. Orale ou écrite, la littérature est une magie qui existe depuis la nuit des temps, et dont l’étude n’achèvera jamais de révéler les formules secrètes. Parce que la littérature, ce n’est rien d’autre que l’humanité en mots.


C'était en tous les cas la fervente conviction du doctorant presque arrivé au bout de sa peine, le matin espéré que portait donc sa nuit de thèse.

 

 


JH

 


Mado - Esprit libéréToile de Madeleine Ossikian (Esprit libéré ?)

 


 Ce petit texte fantaisiste est inspiré du titre d’un beau livre souvenir, bilingue arménien-turc,  
Գիշերը Առաւօտը Իր Մէջ Կը Կրէ  (>> soit en français "La nuit porte en elle le matin")

 édité en  2003 par le comité des 50 ans de l’école arménienne d’Istanbul (Turquie) Sourp Khatch (Sainte Croix), plus communément appelée Tebrévank.

Une autre histoire en perspective.

 


Un-monde-autre.jpg

Un autre monde ? (Corse juin 2012 - photo JH)

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 22:35

Couv-Les-Imperfectionnistes.jpg

Sorti en poche le mois dernier, ce premier roman d’un illustre inconnu en France déjà estampillé best-seller outre-mer, pourrait bien décrocher sous ses airs de rien, la palme de vos lectures favorites des ponts du mois de mai.


Première bonne surprise après avoir passé le cap de la forme : pour un roman on aura rarement autant flirté avec le genre de la nouvelle. Même si ce livre ressemble fort à ce genre de recueil, contrairement aux nouvelles, l’histoire continue autrement dans le chapitre suivant, et le seul personnage principal demeure finalement un journal quotidien dont on finit par douter de la légitimité, à force d’en voir les coulisses de fabrication, avec ses salariés de l’actualité.  


Comment croire à la qualité d’un quotidien dont les correspondants trahissent allègrement toutes les bases de la profession de journaliste, dont la directrice ne jure que par le crédit qu’apportera ce poste à son CV, qui pullule de véritables planqués de la vie – fiers de l’être – à des postes pour lesquels ils ont manifestement lâché toute conscience professionnelle, et où même la plus compétente des expertes se laisse sciemment berner par peur de la solitude.


Amertume, décrépitude de l’âge, réalités de l’infidélité conjugale, rêve de grandeur déchue, ou parasite de la vie des autres, ces imperfectionnistes parviennent pourtant à décrocher des sourires d’empathie pour ce jubilé d’un quotidien qui a réussi l’exploit de paraître durant 50 ans, malgré un tel cumul des ratés bien humains auxquels nous pouvons toujours être confrontés.


Ce qui ne lasse pas d’engendrer perplexes méditations sur la véritable valeur qu’on prête à ces imperfections… Chapeau en tous les cas pour ce titre simplement mais terriblement bien vu pour décrire le monde de la presse, et le monde tout court.

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 22:19

EpidonA l’arrivée du Beaujolais nouveau, il n’y a pas que les premiers vins de l’année qu’on a salué ce mois-ci.


Nouvelle adresse gourmande pour les éditions Thaddée, faisant qu'au lendemain du Beaujolais nouveau, une double inauguration pleine de goûts se tenait dans une douillette épicerie ouverte cette année à Paris près de l’Odéon.

 

Une ambiance bonne enfant de petit village, toujours appréciable dans un coin de Paris qui croule sous la foule des touristes aussi. Adresse doublement recommandée donc.


L’Epidon, nommé ainsi pour rappeler que c’est l’épicerie de l’Odéon, fêtait le 18 novembre son ouverture en même temps que le dernier né des Editions Thaddée, Les grains du sablier, les mémoires aussi surprenantes qu’insolites de Christian Pahlavi, neveu du Chah d'Iran.

 

Couv Les grains du sablier

D’une naissance illégitime, ce Français bourgeois, devenu héritier potentiel du Chah d’Iran auprès duquel il vécut, historien et aristocrate cosmopolite s’est découvert une hérédité allemande dans son 3ème âge.

 

Une véritable montagne d’improbabilités réunies chez un seul être : socialement, temporellement, et identitairement, on rencontre rarement des destins comparables.


La lecture en est un peu chaotique car fidèlement au titre, les grains de ce sablier sont légions, mais le plus frappant est de voir l’écho de la grande histoire qu’ils renferment.

 

Loin de tout académisme rasoir, Christian Pahlavi use plutôt avec gourmandise d’un style frondeur, passant du coq à l’âne pour évoquer tout à trac les anecdotes, les personnalités et évènements hauts en couleurs dont il a été le témoin parfois facétieux, mais aussi l’Histoire avec un grand H qu’il n’a pas manqué de suivre depuis son observatoire original.


Lors donc, comme à l’accoutumée il plâne comme un parfum de folie douce dans cette dernière publication des éditions Thaddée . Mais toujours digne d’admiration, car les folies livrées là n’ont rien de vain : elles puisent à dessein dans les meilleurs élans de sincérité et de justice dont l’homme puisse être capable pour, autant que possible, tenter de s’élever.


Christian Pahlavi

Jean-Jacques Varoujan Avédissian

 

<Christian Pahlavi, le 18 novembre dernier à l'Epidon

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Jacques/Varoujan Avédissian,

l'éditeur à l'épicerie<

 

 

 

 L’Epidon – épicerie de l’Odéon

2 rue Casimir Delavigne, 75006 Paris (01 45 41 26 71)

www.lepidon.com

 

Photos JH - L'Epidon, Paris 18 novembre 2011

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 20:04

Aussi différents soient-ils, un tableau et un roman sont très semblables. La preuve par deux romans parmi d’autres, consacrés à cet art visuel où regarder est aussi une lecture. 

 

Metin ArditiLe Turquetto, dernier roman de Metin Arditi, est l’une des nombreuses nouveautés de la rentrée littéraire 2011.

 

Discret monsieur né en 1945 à Ankara (Turquie), très tôt envoyé en Suisse pour son éducation, devenu homme d’affaires, mécène puis écrivain sur le tard, Metin Arditi ne cesse depuis 1998 de publier dans la langue de Molière.

 

Il a notamment la capacité d’évoquer en peu de lignes mais beaucoup d’efficacité, et même d’immédiateté, l’intimité subtilement dévoilée de personnages au destin souvent loin de l’ordinaire (La fille des Louganis, L’imprévisible, Victoria Hall).

 

Arturo Pérez-ReverteLe peintre de batailles, plus ancien, est un roman sorti en 2006 d’Arturo Pérez-Reverte, l’un des plus importants écrivains espagnols contemporains.

 

Auteur de la série des Capitaine Alatriste, on lui doit aussi Le tableau du maître flamand, Le cimetière des bateaux sans nom ou La Reine du Sud. Né en 1951 à Carthagène (Espagne), il a été reporter de guerre durant près de vingt ans avant de se lancer dans l’écriture, lui aussi sur le tard.

 

Ses succès de plume le conduiront jusqu’à l’Académie Royale Espagnole des Lettres dont il est membre depuis 2003 (sorte d’équivalent de l’Académie Française). Le monde de ses romans est plutôt celui de l’aventure, contemporaine ou historique, sans panache superficiel, mais avec une originale dignité qui se maintient difficilement dans une réalité rude.

 

Ces auteurs très différents ont tous deux déjà consacré de précédents romans à des toiles, et ils ne sont ni les premiers, ni les derniers à le faire, vu la force évocatrice que peut recéler un tableau. S’arrêter sur ces deux livres-là permet néanmoins d’insister sur ce qui rend possible ce pouvoir d’évocation, et qui se fait de plus en plus rare aujourd’hui : savoir regarder.

 

Couv Le Turquetto Actes SudDe Constantinople à Venise, Le Turquetto suit l’histoire d’un peintre exceptionnel, né Juif dans un empire musulman où seule la religion orthodoxe l’autorise à pratiquer son art.

 

Un art où il excelle à reproduire les secrets de l’âme et de la vie, car il a la faculté de les percer d’un seul regard chez ses semblables. Interdit de dessiner ou peindre, ce qui est clairement sa vocation, il s’enfuit à Venise où il devient l’élève du maître Titien, qu’il finira par égaler, et même dépasser avant que son  histoire ne le rattrape.

 

Très simplement racontée, toujours au plus près de l’intimité des personnages, et sans lourdeur historique particulière, cette belle histoire parvient même à faire planer un doute sur la paternité d’un tableau de Titien exposé au Louvre : L’Homme au gant.

 

Aux plus curieux qui voudraient connaître le fin mot de l’histoire, on recommande cette interview de la radio suisse-romande où l’auteur révèle ce qu’il en est vraiment.

 

Ce que l’on en retiendra surtout ici, c’est la remarquable mise en avant de ce qui fait d’un tableau une œuvre majeure : quand son génie vient de l’histoire qu’il peut conter d’un bout à l’autre, en une seule image pourtant figée.

 L'homme au gant

L'homme au gant, Titien (Louvres)

 

Mais pour que cela soit possible, encore faut-il regarder réellement, et ne pas se contenter de faire glisser les yeux sur tout. Or c’est précisément ce que notre société bombardée d’images à grande vitesse nous habitue à faire, dans une course à la surenchère spectaculaire pour que l’on s’y arrête enfin.

 

Il est intéressant de voir comment le parcours du Turquetto, rappelle ce constat simple sur cinquante ans, trois religions et autant de vies vécues en plein 16ème siècle, pour boucler la boucle et coller au présent.

 

Couv Le peintre de batailles PointsDans une tout autre veine, ce rappel fondamental est au cœur d’une autre très inhabituelle histoire que propose Arturo Pérez-Reverte dans Le peintre de batailles.

 

Faulques est un ancien photographe de guerre qui a pris sa retraite, et s’attelle à résumer toutes les guerres du monde, dans une fresque peinte sur le mur intérieur d’une tour de garde abandonnée.

 

En Andalousie, au bord de la côte Atlantique sud de l’Espagne, près d'une plage baignée de soleil, il peint la vision parfaite et complète des conflits, que pendant trente ans de travail, la photographie n’a jamais pu lui apporter. Quand débarque Markovic. Un combattant croate qu’il avait photographié en pleine débâcle militaire, et qui vient lui apprendre certaines des conséquences de cette photo sur sa vie… pour ensuite tuer le photographe-peintre de batailles.

 

Le roman tourne autour du face à face entre ces deux personnages et leur passé, lourd d’un sacré passif d’horreurs. Là encore, mais sur un récit plus long et conceptuel que Le TurquettoLe peintre de batailles donne à voir tout ce que l’on peut saisir en un fugace instant, quand des coïncidences inconcevables se réunissent soudain dans un tableau parfaitement construit et pensé.

 

Entre autres variations infinies sur ce même thème et instructives opinions, on y trouve d’originales présentations des plus grands peintres de bataille (Goya, Brueghel, Uccello…), spécialisation révolue aujourd’hui et mal « remplacée » par la photographie de guerre selon le personnage de Faulques.

 

El Tres de Mayo, Francisco de Goya, Prado

El tres de mayo, Francisco de Goya (Prado) 

 

On y redécouvre de plus comment celui qui regarde est également acteur de ce qu’il voit. Ce peut-être a minima dans la mesure où cette vision subjective impacte l’histoire qu’il croit voir de l’extérieur. Mais aussi au maximum quand les images sont détournées pour manipuler l'opinion jusqu'à inverser les rôles.

 

Pour le reste, Le peintre de batailles achève honnêtement une boucle, triste vu le sujet mais surprenante par son dénouement, qui aura eu le mérite de faire s’arrêter judicieusement sur notre façon d’observer, de comprendre et réagir parfois, pour essayer d'y trouver comme on peut des consolations.

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 21:45

Le premier est tellement associé au second qu’il est parfois difficile de dire lequel a créé l’autre. Difficile aussi de faire plus ‘tendance’ que Corto Maltese : mi-saxon, mi-gitan, aventurier dandy et mystérieux, ce héros réunit tout en un ce qu’il peut y avoir de plus attirant chez un être.

 

Photo Elisabetta Catalano 1994Hugo Pratt devant la vitre où il a dessiné Corto Maltese *

Photo Elisabetta Catalano - 1994


En somme c’est à une double star de la BD que la Pinacothèque de Paris consacre une exposition… en s’excusant presque. D’abord parce qu’elle a démarré bien plus tôt que prévu du fait de la brouille franco-mexicaine (l’exposition Les masques de jade maya prévue pour mars a été annulée en février dernier). Ensuite parce qu’exposer un auteur de bande dessinée à la Pinacothèque est apparemment une hérésie qu’il faut légitimer.

 

Affiche expo Voyage imaginaire d'Hugo Pratt 2011A l’entrée de l’exposition, vous découvrirez en effet le texte d’ouverture du directeur de la Pinacothèque où il justifie l’exposition par les talents picturaux de Pratt (largement reconnus par ailleurs), et non par un simple opportunisme autour du succès des Corto Maltese. Tout en prenant soin de préciser que ce sera néanmoins le seul auteur de bande-dessinée que vous verrez en ces murs. Si cette entrée en matière ne convainc qu’à moitié, elle s’oublie heureusement très vite devant les effets beaucoup plus intéressants que produisent les œuvres de Pratt (1927-1995).


Exposées selon des thèmes récurrents tout au long de son travail (îles et océan, désert, militaires, villes, femmes, indiens) les planches qu’on découvre ici dans leur format et couleurs d’origine, restituent encore mieux l’imaginaire que Pratt a toujours cultivé.


Un imaginaire également capable d’enchanter qui se laisse prendre, et c’est assez facile avec Pratt… sauf peut-être pour l’un des vigiles de l’exposition. En fait il avouera s’ébahir plutôt devant les toiles des Romanov et Esterházy, tsars et princes collectionneurs de Russie, exposées en parallèle à la Pinacothèque (longue vie à la diversité !).


La Ballad..Il est vrai que La ballade de la mer salée n’a pas grand-chose à voir avec la naissance du géant musée de l’Ermitage. Mais la présentation de l’intégrale des planches originales de cet album à la Pinacothèque vaut tout de même le détour, ne serait-ce que pour entendre certains commentaires de visiteurs : « Dis donc, il en a des choses à raconter ! », ou bien « J’ai mal au cou à force… ».

 

Forcément avec 163 planches, exposées sur trois lignes et trois murs d’une salle obscure, il y a  de quoi s’occuper (voir l'aperçu ci-contre).

 

Cette présentation, peut-être un peu abrupte mais inédite, ravira en tous cas les aficionados de Hugo-Corto : publiée en 1967, La ballade de la mer salée est en effet la première histoire où apparaît le célèbre personnage de Corto Maltese.


Sergio Toppi Dedicated to Corto MaltesePratt avait 40 ans quand paraît cet album qui, loin d’être son premier, est le résultat d’une démarche de conteur hors pair, utilisant l’écriture et le dessin pour installer une ambiance bien particulière.

 

C’est lui qui est à l’origine de l’expression ‘littérature dessinée’, une appellation destinée à donner sa juste valeur au genre de la bande-dessinée, des comics, qui n’avaient jamais vraiment été considérés comme un art, jusqu’à ce que Pratt et ses succès arrivent, ouvrant la porte à d’autres créateurs…


Croquis de Sergio Toppi

'Dedicated to Corto Maltese'*


Un imaginaire nourri de voyages


Le voyage imaginaire d’Hugo Pratt, ce titre est surtout là pour souligner à quel point Pratt mêlait son imagination omniprésente, à toutes les merveilles que peut offrir le monde à un voyageur : peuples, mœurs, cultures, personnages charismatiques, aventures et histoires fantastiques. Ce n’est pas un talent si couru de nos jours.


Comment créé-t-on en bande-dessinée ces ambiances si particulières, un personnage aussi énigmatique et en même temps attirant que Corto Maltese ? Probablement en maîtrisant soi-même l’alliance délicate du savoir et du savoir être, à force d’avoir vécu un peu partout, et côtoyé un peu tout le monde.


Ne vous y trompez donc pas : dans la vraie vie Hugo Pratt était bien un acharné du voyage. Combiné à sa passion de toujours pour la littérature d’aventure (Stevenson, Conrad et bien d’autres), c’était même la source de son imagination. Dès avant sa naissance, sa généalogie passe par l’Angleterre et la France, avant d’atterrir en Italie, avec en cours de route, des métissages britannico-franco-hispanico-turco-juif, et des ascendances franc-maçonnes (il semble que Pratt lui-même était initié).

Venise 1988A tel point que dans la bellissime Venise où grandit le petit Hugo, le détail des parentés finit par ne plus tellement importer.

 

Il en retiendra plutôt tout un environnement plein de magnificence, de mystères exotiques et ésotériques, dont il jouera constamment dans son œuvre. Sa littérature dessinée, tantôt elliptique, tantôt fantaisiste, mais toujours créatrice d’une ambiance unique en est le résultat.

Hugo Pratt à Venise 1988*


Si ses premières expériences du voyage ne sont pas voulues (à 10 ans il suit sa famille pour s’installer à Addis-Abeba en Abyssinie, Ethiopie aujourd’hui, au milieu de militaires coloniaux jusqu’au milieu de la Deuxième Guerre Mondiale), plus tard elles deviennent franchement sa marotte. Dès 22 ans il n’hésite pas à s’installer en Argentine où il se fixera de nombreuses années à Buenos Aires, travaillant à la revue de comic-strip Editorial Abril, tout en multipliant les voyages par ailleurs.


Venise, Gênes, Milan ou Rome pour l’Italie, Buenos Aires, Londres, Paris et Grandvaux en Suisse ont été ses principaux pieds à terre, mais en fait il aura passé sa vie à enchaîner les allers-retours sur le globe : entre ces adresses fascinantes collectionnées aux quatre coins du monde, et les nombreux voyages exploratoires.

Le rythme de ces voyages est effarant, mais à chaque endroit il prend toujours le temps d’embrasser une nouvelle vie, remplissant ainsi son esprit de choses vues et de sensations. Ensuite, dans ses histoires, il connectera les lieux et évènements comme personne.


Voici comment il l’explique à Alberto Ongaro, l’un des amis avec qui il a fondé sa première revue à Venise, dans une interview parue en 1973 (revue ‘l’Europe’*).


AgrandissementTu vois, j’ai vécu dans le monde entier. Je n’ai jamais fait le touriste, mais partout, j’ai été une sorte de résident. J’ai un système à moi. D’abord, je ne vais jamais à l’hôtel, mais toujours dans des maisons privées. C’est comme ça que je fais. J’arrive quelque part, je prends un taxi, je promets un gros pourboire au chauffeur, pour peu qu’il me trouve une chambre quelque part, au sein d’une famille. En général, ça marche bien. Le chauffeur réussit à me caser, ou bien il m’invite carrément chez lui. Ainsi, en éliminant l’anonymat et le caractère impersonnel d’hôtels où je n’ai jamais connu qui que ce soit, j’ai fini par avoir des familles amies pour m’accueillir aux quatre coins du monde, et qui me font rencontrer d’autres familles et me permettent de vivre comme on vit dans le pays.

(…)C’est de cette façon que je finis toujours par rencontrer des gens extraordinaires.(…) On comprend qu’à force d’arpenter le monde et de faire la connaissance de tels personnages, cela devienne assez facile pour quelqu’un qui écrit et dessine des comic-strips d’aventure, au bout d’un moment, de remplir ses histoires de beaux caractères, de jouer avec les psychologies…

 

Le reste est affaire de cuisine personnelle mêlant talent et acharnement à toujours mieux faire. Conteur né, Hugo Pratt a toujours pensé à ses lecteurs dans l’écrit comme dans le dessin. L’image comme les mots devaient toujours évoquer, intriguer, captiver. Pas étonnant dès lors, que l’œuvre de Pratt rencontre autant de personnages aux histoires mythiques : Butch Cassidy et le Kid, Jack London, Hemingway ou la sorcière Bouche Dorée. 

 

En parcourant l’exposition de la Pinacothèque on voit un peu mieux comment s’est construite cette fameuse littérature dessinée. La pratique des aquarelles en est une illustration magistrale.

 

Pratt s’est mis à étudier cette technique sur le tard (après 30 ans) et a continué de la perfectionner jusqu’à y exceller comme le montrent les œuvres exposées à la Pinacothèque. Près de 160 compositions, à la fois légères et singulièrement marquantes. Il faut vraiment voir la série en blanc et bordeaux qui aboutit à Occident, cette composition toute simple.

 

Occident

Occident / Hugo Pratt

 

Cet aspect impressionnant et moins connu de son œuvre, l'aquarelle, commence à peine à affleurer, depuis les premières rétrospectives de son œuvre. Ce n’est qu’en 2005 qu’elles apparaissent, avec la publication par Casterman des Périples imaginaires (livre  qui accompagne la première rétrospective exposant ces aquarelles à Sienne, en Italie), et on les admire volontiers à la Pinacothèque.
 

Dès la première salle, apparaît d’ailleurs cette jolie réponse de Pratt à la question suivante « Vous qui avez tant voyagé, en quoi vous sentez-vous encore Vénitien ? » Réponse de Pratt : Je fais confiance à l’eau.

 

Pour certains des thèmes de l’expo, cet usage de l’aquarelle où l’eau est reine, produit des effets qu’on garde en mémoire longtemps.

 

Si les îles et océans montrent l’alliage rêvé d’eau, de traits et de couleurs, le désert n’est pas en reste : avec un minimum, Pratt fait surgir les traits saillants de tribus spectaculaires, ou évoque les derniers instants de Saint-Exupéry.  

 

Adieu Saint-Ex -Hugo Pratt Adieu Saint-Ex / Hugo Pratt

 

Enfin les villes et les femmes, sont un terrain évidemment propice aux beautés étranges ou fascinantes que l’œil précis de Pratt décuple...


Tout un monde entre imagination et réalité, qui incite à élargir ses horizons, en replongeant dans les aventures dessinées par Pratt, ou  racontées par tout autre créateur capable de vous extirper de l’ordinaire. A vos mirettes pour les trouver... ou partir vous-même à l'aventure !


 

 

* Photos et informations issues du livre Littérature dessinée, paru aux éditions Casterman en 2006, sous la direction de Patrizia Zanotti qui fût la coloriste de Pratt (co-commissaire de l'exposition à la Pinacothèque, elle dirige aussi Cong SA la société qui détient les droits sur les oeuvres de Hugo Pratt), et Vincenzo Mollica journaliste et ami de l'auteur.

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 20:18

Certes Stéphane Hessel n’avait rien inventé avec son retentissant Indignez vous ! Simplement sous les latitudes occidentales, régnait trop la fâcheuse tendance à minimiser l’effet des rébellions. Oubliant ainsi que le ras-le-bol à l’excès pouvait réellement être utile.

 

Timing de rêve peut-être pour l’écrivain, ex-résistant déporté durant les crimes nazis, qui doit probablement voir des ressemblances entre ses convictions publiées pour secouer nos cocotiers, et les évènements du sud de la Méditerranée.

 

Manifestation-tunisienne.jpgDepuis décembre le monde occidental assiste ainsi, ébahi, à un phénomène qu’il croyait relever d’un autre temps. Le soulèvement unanime et plutôt pacifique de tout un peuple, au nom d’aspirations légitimes que personne ne songe à contester.

Il aura fallu quelques semaines pour que les commentateurs osent finalement nommer la chose, une révolution !

 

Evidemment, ce n’est pas parce qu’on les oublie que les choses disparaissent.

 

Côté littérature, comme dans toute forme d’expression, il y a longtemps que des écrivains s’efforcent d’insuffler leurs idées, avec l’espoir que cela contribue à corriger la société. Même si la plupart du temps cet espoir est vain, ils s’échinent.

 

Armé de sa passion de lire, François Busnel le rappelle joliment à l’occasion du cinquantenaire de la mort d’Hemingway :

 

Plume-Geante-Litterature.jpg(…) seuls, les rêves n'ont aucun pouvoir. (…) la littérature sert à accompagner ces rêves, à leur donner une consistance... Pour Hemingway, la littérature sert à changer la vie. (…)

Qui a lu sait qu'il peut défier le destin et inventer sa vie. Qui a lu sait qu'il peut agir et non subir. Qui a lu sait qu'il est lui-même personnage et auteur de roman. Qui a lu sait qu'il n'y a pas de distinction entre la littérature et la vie, parce que la littérature, c'est la vie. Tout ramène, chez Hemingway, à une conception de l'existence qui s'incarne dans l'esprit de résistance : il faut refuser d'accepter un monde qui soit moins que ce qu'il devrait être.(…)


 

La voilà donc toujours à l’œuvre, cette faculté de dire ‘non’, qui selon Camus est précisément ce qui caractérise l’homme.

 

Dans l’histoire arménienne, cet éveil des résistances a joué largement, donnant lieu à un véritable déferlement culturel et en particulier littéraire.

 

Il faut dire qu'avec leur passif longtemps chargé d’oppressions, et sensibles aux idées issues de la révolution française, les Arméniens étaient fin prêts à réveiller cette faculté de révolte qui par essence nous anime tous. La dévotion envers leur langue (unique en son genre et avec un alphabet propre), aura fait le reste pour produire une littérature brillante et foisonnante. A tel point qu’on parle de ‘renaissance’ (zartonk) pour cette période de la littérature arménienne.

 

On fait débuter cette renaissance dans les années 1850, mais le terrain fût préparé dès 1750, notamment avec le passage progressif de l’arménien classique (krapar) à l’arménien parlé (ashkharapar) dans tous les écrits publiés. Parmi les écrits lançant cette renaissance littéraire, il en est un en particulier qui semble illustrer bien à propos l’actualité présente.

 

Il ne faut pas se fier au titre de ce poème: sous un titre et des débuts inoffensifs, destinés à mieux endormir les censeurs de l’époque, Jours d’enfance cache en réalité un appel simple et déterminé à la révolte.

Nalbandian.jpg

Avec les vénérés Bechiktachlian et Tourian, Michaël Nalbandian a été l’un des journalistes et poètes principaux de ce mouvement de renaissance littéraire, qui cherchait notamment à réveiller les consciences arméniennes pour les amener à revendiquer le respect de leurs droits.

Né en 1829 en Russie, et malgré sa courte vie (après trois ans d’emprisonnement politique sur ordre du Tsar, il décède en 1866), Nalbandian se distingue par ses nombreux voyages.

Pour pousser au changement il s’activait en effet à réunir les communautés arméniennes déjà dispersées à l'époque, entre les Empires russes et ottoman, en Europe (Paris, Londres), et jusqu’à Calcutta en Inde


Ses mots parlent pour lui.

 

 

 

 

  Մանկութեան օրեր

Միքայէլ Նալբանդեան

 

Մանկութեա՜ն օրեր, երազի նման

Անցաք գընացիք, այլ չէք դառնալու.

Ո՜հ դուք երջանիկ, ո՜հ անհոգ օրեր,

Ընդունակ միայն ուրախացնելու :

 

Ձեզանից յետոյ եկաւ գիտութիւն,

Իւր ծանր հայեացքով աշխարհի վրայ,

Ամէն բան ընկաւ մոռացութեան մէջ,

Րոպէ չմընաց ազատ կամ ունայն :

 

Գիտակցութիւնը յաջորդեց սորան,

Ազգի վիճակը ծանրացաւ սրտիս.

Ապոլոն տուեց ինձ իր քընարը,

Որպէս փարատիչ տրտում ցաւերիս :

 

Աւա՜ղ, այդ քնարն իմ ձեռքում հնչեց

Նոյնպէս լալագին, նոյնպէս վշտահար,

Ինչպէս իմ սիրտն էր, իմ զգացմունքը.

Ուրախացուցիչ չգըտայ մի լար :

 

Ես այն ժամանակ միայն ըզգացի,

Որ այդ ցաւերից ազատուելու չեմ,

Որչափ իմ ազգը կը մընայ ստրուկ,

Օտարների ձեռք, անխօս, տխրադէմ :

 

Լո՜ւռ կաց դու, քնար, այլ մի՜ հնչիր ինձ,

Ապոլոն, յետ ա՜ռ դարձեալ դու նրան.

Տո´ւր մի այլ մարդու, որ ընդունակ է

Զոհ բերել կեանքը սիրած աղջըկան :

 

Ես պիտի դուրս գամ դէպի հրապարակ,

Առանց քնարի, անզարդ խօսքերով,

Ես պիտի գոչեմ, պիտի բողոքեմ,

Խաւարի ընդդէմ պատերազմելով :

 

Ներկայ օրերում այլ ի՞նչ սեւ քնար,

Սուր է հարկաւոր կտրիճի ձեռքին.

Արիւն ու կըրակ թշնամու վրայ.-

Այս պիտի լինի խորհուրդ մեր կեանքին :

 

(traduction JH - février 2011)

 

Jours d’enfance

Michaël Nalbandian

 

Ô jours d’enfance, pareils au rêve

Passés, partis, pour ne plus revenir ;

Ah ! vous heureux, ah jours insouciants,

Aptes seulement à réjouir.

 

Après vous est venue la science,

Avec ses graves regards sur le monde,

Tout est tombé dans l’oubli,

Pas une minute n’est restée libre ou futile.

 

 

La conscience lui a succédé,

Le sort de la Nation a alourdi mon cœur :

Apolon m’a donné sa lyre,

Pour dissiper mes tristes douleurs.

 

Hélas ! En mes mains cette lyre a retenti

Aussi larmoyante, aussi affligée,

Que mon cœur l’était, mon émotion :

De corde réjouissante je n’ai point trouvé.

 

A ce moment seulement j’ai senti,

Que de ces douleurs je ne me libérerai pas,

Tant que ma nation demeurai asservie,

Aux mains des étrangers, muette, attristée.

 

 

Silence, lyre ! Ne retenti plus pour moi,

Apolon, reprend-là de nouveau :

Donne à un autre homme, capable celui-là

De sacrifier sa vie pour la fille aimée.

 

Moi j’irai dehors vers la place,

Sans lyre, sans paroles enjolivées,

Moi je crierai, je protesterai,

Guerroyant contre l’obscurité.

 

En ce jour présent mais quoi, sombre lyre ?

C’est l’épée qu’il faut aux mains du brave :

Le sang et le feu sur l’ennemi ;

Cela sera le sens de notre vie.

 

 

 

 

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 22:45

 

En marge des 741 livres de la dernière rentrée littéraire, zoom sur deux ouvrages qui valent d’être rapprochés.


Samuel, un roman de Raffi, le sacro-saint des auteurs arméniens (aux éditions Thaddée), et un recueil de textes d’auteurs de tous pays  sur leur enfance arménienne Nos terres d’enfance, l’Arménie des souvenirs (aux éditions Parenthèses).


Leur lecture est une agréable surprise, car d’habitude on se dit que ce qui a trait aux Arméniens est plutôt douloureux, voire lourd (en plus un livre, pensez-vous…). Pourtant, une fois franchi le pas de les ouvrir, ceux-là on ne les lâche pas.


Chacun à leur manière ont le double bonus, non seulement d’être écrit et préparé avec talent, mais aussi de nous rapprocher, avec grande facilité, de ce qui a construit les Arméniens.


Samuel de RaffiPour Samuel, Raffi mettait tout son talent d’écrivain et de romancier au service d’un roman inspiré de faits réels historiques, véritable mine d’informations couplée à une intrigue pleine d'action.

Avec un don bien particulier pour créer des images saisissantes d’originalité et de beauté sur l’Arménie, il dépeint l’aventure d’une période charnière de l’histoire des Arméniens.

 

On y suit avec étonnement leurs péripéties entre les empires grec et perse, et leurs violentes luttes intestines. Quasi-menacés d’extinction, ils se révèlent sous la plume de Raffi, héroïques certes, mais aussi traîtres, et toujours pleins de volontés contradictoires.

On n’entend pas si souvent cette vision nuancée.

 

La traduction française du roman a été lancée avec passion, le mois dernier, par la toute jeune maison d’édition Thaddée, basée à Paris (voir ici l'article sur leur création et leur première publication).

 

Pour l’occasion cette réédition a été largement enrichie, notamment par une préface de Raffi lui-même (qui n’avait pas été traduite auparavant) et une biographie exhaustive de l’auteur, préparée par l’éditeur (Jean-Jacques Avédissian) pour éclairer le contexte historique, politique et culturel dans lequel Raffi a évolué.


Pour un auteur sacro-saint, et dans l’importante communauté arménienne de France, cette réédition seulement en 2010 (la 1ère parution française date de 1924) laisse perplexe, et on n’en apprécie que davantage la démarche de l’éditeur.


Petite touche de mystère à l’issue de cette lecture : apparemment Raffi aurait écrit une suite à Samuel. Malgré un avis de recherche public, sa veuve n’avait semble-t-il jamais réussi à le retrouver. L’appel est donc renouvelé, avis aux chercheurs…

 

 

Nos terres d'enfanceDans un registre totalement différent, même plaisir de la découverte, avec Nos terres d’enfance, l’Arménie des souvenirs.


Ce recueil de 43 extraits d’auteurs de toute la diaspora, la plupart traduits de l’arménien, de l’anglais, du turc et du russe, a été imaginé et préparé par l’historienne Anahide Ter Minassian et son amie de longue date Houri Varjabédian, en charge de la collection ‘Diasporales’ aux éditions Parenthèses (la première a souvent publié chez la seconde)


Dès le premier extrait au titre accrocheur ‘Pourquoi ne sommes-nous pas juifs ?’ de Peter Balakian, on est secoué par cette lecture qui plonge au cœur même de l’être Arménien, quelle que soit la latitude sous laquelle il vit.

 

Avec la grande variété des auteurs, des lieux et des époques qu’on trouve dans le reste du recueil, la plupart des Arméniens trouveront probablement à s’identifier.

 

A découvrir ainsi ce qu’on a pu soi-même vivre et voir par ailleurs, on se sent un peu moins extra-terrestre dans son exil : quand on n’a pas renoncé à ce dont on vient, mais qui diffère tant de là où on vit.

 

Une citation pourrait résumer ce lien ténu qu’on a souvent apprécié de voir mis en mots :


Certes dans l’esprit de père, Antika n’est pas de Gürün, c’est vrai, elle n’est pas de sa ville, mais c’est une mère universelle : quand elle dit ‘Agop’, elle met dans sa voix une telle ampleur, une telle hauteur, une telle fierté, que cela laisse deviner son ancienne et douloureuse maternité : en face d’elle les yeux verts de père brillent de l’éclat de la mémoire de gens ouverts l’un à l’autre, de complices qui ont vécu dans un monde autre inaccessible pour nous.

Extrait de Krikor Beledian, 'Sémer' (seuils), Alep 1995 (traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian dans 'Nos terres d’enfance')

C’est entre autre cela, parmi des vécus très divers, qui transparaît dans ce recueil : un lien impalpable qui unit les êtres d’un même lieu, monde ou évènement.


Au travers de l’enfance, ce vécu le plus communément partagé et souvent riche en émotions, c’est aussi un sacré panorama littéraire qui s’offre au lecteur curieux du monde arménien. Comme avec Raffi, à l’issue de la lecture on a une meilleure idée de ce qui reste à découvrir.


Seul bémol sans doute, valable pour ces deux ouvrages, et c'est un des nombreux prix de l'exil (Henri Troyat lui-même le notait dans son roman autobiographique Le fils du Satrape) : c'est en français qu'on découvre ces lignes, car il n'est plus si courant de les lire dans le texte.


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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 22:50

Amoureux des livres, à vos agendas !

 

Dès ce week-end, pas moins de 5 salons du livre judicieusement animés vont s’enchaîner à un rythme anormalement effréné vu leur thème : l’Arménie, les Arméniens et en général tout ce qui les intéresse de près ou de loin.

 

Au menu, des livres bien sûr, neufs ou anciens, en français ou en arménien, et des auteurs présents pour présenter ou dédicacer leurs oeuvres, souvent en toute convivialité vu le public relativement restreint sur ces sujets. Ne vous attendez pas au géant salon du livre annuel de Paris. 

 

Ces évènements sont à ne pas manquer pour qui voudrait étoffer ses lectures sur le sujet, car on ne trouve pas si facilement une telle concentration d’ouvrages sur ces thèmes. Encore moins quand il s’agit de livres en arménien.

 

A l’approche des fêtes de fin d’année, ce sont autant d’occasions pour faire le plein de ces ouvrages à offrir, s’offrir, ou se faire offrir.

 

 

1) Ce week-end à Paris, IXème foire aux livres de l’UCFAF, avec Didier Daeninckx en invité d’honneur, pour Missak.

 

Sous ce titre, Daeninckx a signé un album illustré pour la jeunesse, ainsi qu’un roman particulièrement réussi. Paru en début d’année aux éditions Perrin, le roman est déjà disponible au format poche chez Pocket.

Pour plus d’information sur Didier Daeninckx, voir ici l’article sur cet auteur qu’on ne saurait trop vous recommander.

 

Samedi 27 novembre de 10h à 19h

Dimanche 28 novembre de 11h à 18h

6, Cité du Waulxhall 75010 Paris

Métro République

Conférences débat

- de Didier Daeninckx, le samedi à 16h30

- sur "la diplomatie turque, enjeux et conditions du dialogue", le dimanche à 16h, avec Erol Ozkoroy (auteur de "Turquie: le Putsch permanent" venant de paraître aux éditions Sigest), Roumania Ougartchinska (journaliste), et Jean-Varoujan Sirapian (directeur de la revue "Europe & Orient"). 

 

 

2) Le week-end suivant, à Sèvres, la Grande Braderie de Noël de Chêne.

Ce sera durant le 1er week-end de décembre, comme chaque année depuis… oh on ne compte plus, c’est devenu une coutume (19 ans).

 

Ce n’était pas sa spécialité première, mais au fil des années le stand des livres s’est considérablement enrichi, jusqu’à proposer un large choix d’ouvrage particulièrement instructifs, en arménien comme en français, depuis les dernières nouveautés jusqu'à des publications plus anciennes, en tous genres (jeunesse, bd,  romans, biographies, documentaires, etc... on y trouve même des partitions de musique).

 

De nombreux auteurs s’y succèdent régulièrement durant tout le week-end pour des dédicaces et écouter vos commentaires ou questions (Gilbert Sinoué, et Yves Ternon étaient notamment là en 2009).

 

Vous pourrez aussi y admirer les plus beaux objets de l’artisanat arménien, entre deux mezzés grignotés à la buvette locale, toujours très animée, ce qui ne gâche rien. Joyeux moyen en tous les cas, pour réanimer les vénérables murs du Collège arménien Samuel Moorat qui accueille cette braderie depuis ses débuts (le collège est installé à Sèvres depuis 1928).

 

Samedi 4 et dimanche 5 décembre

De 10h à 20h

Au Collège arménien Samuel Moorat

26 rue Troyon à  Sèvres 92310

Tram T2 – station Brimborion

 

 

3) A Alfortville, le week-end suivant, vient le 6ème salon du livre arménien Armen’livres, avec cette année les éditions ARAS pour invité d’honneur.

 

ARAS (en référence au fleuve Araxe), a fait le pari fou en 1993, de faire découvrir la littérature arménienne… en Turquie. Et ça marche, leur catalogue est là pour le prouver. Ils pourvoient largement à la fourniture de livres en arménien en France, et on les trouve souvent lors des manifestations autour du livre arménien.

 

Publiant également des traductions turques d'auteurs arméniens, ils sont un modèle de pertinence qui mérite d’être salué, surtout dans le contexte particulièrement contraint des Arméniens de Turquie. Si leur nombre fond à vue d’œil, ils poursuivent courageusement une activité culturelle qui n’a rien à envier aux communautés arméniennes les plus importantes de diaspora.

 

Du vendredi 10 au dimanche 12 décembre

De 10h à 19h

A l’Espace culturel "Le 148", 148 rue Paul Vaillant Couturier, 94140 Alfortville

RER D Maisons-Alfort/Alfortville

 

 

Plus au sud on n’est pas en reste avec :

 

4) A Marseille, le 3ème festival National du Livre Arménien et des trophées Toros de la Culture Franco-Arménienne.

 

Présidé cette année par Charles Villeneuve, tout le détail du programme et des livres en compétitions est disponible ici

 

Samedi 11 Décembre

BMVR – Alcazar - 58 Cours Belsunce 13001 Marseille
Entrée libre - Dédicaces au public de 14 h à 18 h 30
Cérémonie officielle de à 18 h30 sur invitation

 

 

5) A Décines, la Journée du livre arménien et de la BD se tiendra à la MCA.

Ici, libres aux lecteurs mieux informés d’en dire plus, en commentaires, car pour ma part cette information est une agréable découverte.

 

Dimanche 12 décembre

De 10h à 18h

A la MCA (maison de la culture arménienne)

15 rue du 24 Avril 1915, 69150 Décines

M° ou Tram arrêt La Soie, Bus 67 Arrêt Coli

 

 

A noter, mais ce sera au printemps prochain, l’UGAB  organise désormais aussi son week-end livres, qui se tient depuis 2 ou 3 ans, dans ses locaux rue de Courcelles à Paris.

 

A priori cette multiplication rend enthousiaste, car elle pourrait être le signe d’un regain de l’offre littéraire en la matière. Inversement, elle peut aussi tenir au fait qu’il est devenu tellement difficile de trouver ces livres, que seules ces quelques manifestations annuelles permettent de répondre à la demande.

 

Cela étant dit, en principe la concentration dans les affaires stimule le marché. En pleine morosité ambiante du milieu de l’édition en général, on espère donc plutôt que cette multiplication de manifestations littéraires fait écho à un réel regain d’intérêt.

 

 

A suivre, d’ici samedi, un zoom sur quelques nouveautés littéraires concernant les Arméniens, parues en français le mois dernier.

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